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26 mai 2010

Adama et Mohamed.

Adama est en 5ème.
Adama a une écriture de cochon.
Adama insulte et "rend" les insultes, et parfois "rend" les coups.
Adama est passionné de foot et fait de l'athlé.

Adama a eu sa période "je me prends pour un autre" après avoir été tiré au sort pour être près des joueurs de l'Espagne lors du dernier match de foot France-Espagne (je ne vous raconte pas le choc que j'ai eu devant ma télé, ni comment les collègues m'ont chambré en me disant que je croyais voir les élèves partout alors que oui vraiment c'était lui que j'avais vu et que la France entière ou presque avait vu un dixième de seconde... mais je m'éloigne du sujet!).
Mais ce qu'il faut que je retienne d'Adama, même dans ses plus mauvais moments, c'est qu'il a suivi avec profit et en comprenant direct comment tout ça marchait le cours sur les pronoms relatifs et les propositions subordonnées relatives, c'est qu'il a parfaitement compris et analysé le difficile poème de Verlaine "Bon chevalier masqué", et qu'en fait quand il le veut bien il est du même niveau (si on excepte l'orthographe) des excellentes filles de sa classe.

A l'occasion d'un stage, j'ai récemment eu des nouvelles d'un de mes élèves de 4ème d'il y a deux ans. Appelons-le Mohamed. Même profil. Même origine. Juste plus mou et moins sportif, moins bagarreur peut-être. A la fin de la 4ème, il disait "je ferai 1ère S à M******* - le très bon lycée de Djeffville-" et je me disais que ça semblait utopique. Ca l'était. Il est cette année en seconde avec des options générales dans le lycée neuf à côté de mon ancien collège. Il est en difficulté. Mais sa prof de français (celle qui m'a donné de ses nouvelles) m'a aussi dit que c'était un de ceux de la classe qui s'accrochait le plus et qui avait le plus progressé dans l'année, et que le redoublement de la seconde serait sans doute positif s'il restait dans cette lancée.

Je me dis que c'est pour ces élèves-là, par ces élèves-là, et si on arrive à n'en voir pas que le côté pénible et gâché, qu'on peut se souvenir qu'on a une utilité sociale et culturelle en tant que profs de français. Je me dis qu'on doit les empêcher de tomber du mauvais côté, qu'on doit arriver à leur imposer des limites et en même temps à les stimuler intellectuellement... et qu'il y a des moments où vraiment on fait un beau métier !

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Commentaires
C
Oui, il y a ces élèves-là et ces moments de grâce où on se dit qu'on fait parfois, souvent, un beau métier.<br /> Si seulement ceux qui nous gouvernent pouvaient nous donner les moyens de l'exercer correctement...
C
@ Clement : merci. Et bravo pour Montpellier ! Et pour le courage d'être passé à l'histoire que je n'ai pas eu !
C
Ca fait chaud au coeur de lire des choses comme ça... je suis toujours aussi admiratif, Claire...
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