Celles qui m'ont fait tenir (2), celle qu'on veut tous adopter.

J'aurais envie de donner son prénom tant il lui va bien, mais appelons la Preudine, même si le vrai est plus beau.

2 ans avec elle, dont un comme prof principale. 2 ans de gentillesse, d'intérêt, de progrès. Sur le bulletin du 3ème trimestre de cette année, j'avais envie de mettre "au nom de tous tes enseignants et camarades, merci".

Non seulement c'est une très bonne élève, mais en plus, comme elle veut tout comprendre et assimiler, elle est souvent celle qui pose des questions les jours où les cours, execercices ou polys ne sont pas très clairs, ce qui permet aux autres, à ceux qui n'osent pas lever le doigt, d'avoir une autre explication.

Elle n'est première dans aucune matière, mais première de la classe par sa régularité dans toutes les matières, présente et attentive aussi bien en français, en EPS, en arts plastiques, en maths, à l'UNSS...

Le jeudi matin à la récré, juste avant que mes cours ne commencent, quand il y avait une évaluation de français  prévue pour sa classe dans la journée et que j'étais en train de préparer mon bureau en écoutant radio classique, à chaque fois je savais qu'elle allait venir me poser une question pour s'assurer qu'elle avait bien compris, rien oublié de ses révisions. Pour les évaluations de grammaire, elle s'entrainait non seulement en refaisant les exercices mais aussi en se créant des phrases d'entrainement. Quand en fin de 5ème nous avons étudié les pronoms relatifs, et que je m'étais contentée de donner les plus fréquents, elle m'a demandé s'ils y étaient tous, et quand j'ai du coup donné la liste des "auquel" et "duquel" et leurs composés elle les a tous notés.

Par ailleurs, au fil de ses deux ans, je l'ai vue devenir une jeune femme, se mettre à s'habiller avec goût au milieu des outrances de certaines, avec du vernis pastel en accord avec la couleur des boucles d'oreilles ou du pull ou du T-shirt. Petit à petit aussi, même si ça n'est que légèrement perceptible, elle qui était très stressée le devient moins, prend plus d'autonomie...

C'est pour elle et quelques-unes de ses copines que j'avais cette année à coeur d'être présente au collège même quand le corps fatigait. C'est ce genre d'élèves, originaires de famille aimantes et soucieuses de l'école mais dépassées par la qualité intellectuelle de leur fille, que le métier d'enseignant prend tout son sens, pour ces élèves dont la culture et le savoir viennent quasi exclusivement de l'école et qui s'y épanouissent...